PASS HUNTER -  part II
Une Ode à notre région


J'installe la table, où trônent fièrement les cups réutilisables, la gourde contenant le litre de café Caféophil Origine Pérou, et la fameuse brioche sans sucre Nananère. Le ciel semble être avec nous de si bon matin, les lueurs sur la campagne environnante sont empruntes de mystères, nous devrions vivre une balade tranquille mais qui sait, il y a toujours un diablotin tapie dans l'ombre pour nous faire des sottises. Raphaël m'accompagne depuis La Roche sur Foron, et c'est comme si nous nous connaissions depuis des mois tant le plaisir de nous revoir et l'idée de continuer ce Pass Hunter débuté ensemble il y a quelques semaines est palpable. Les minutes s'égrènent, pas le moindre bruit, pas de passage, mes trois invités supplémentaires sont-ils bien sur la route ? Les deux motards croisés du côté de Sillingy n'étaient-ils pas Olivier et Chloé sur leur KTM 1290 Super Adventure et Benelli Leoncino Trail ? En y pensant, une incroyable coïncidence de croiser les supposés précités plusieurs dizaines de minutes avant de nous rassembler au point transmis via un lien Google Maps. Puis comme un miracle, Amandine fait son apparition sur sa Honda Hornet 750, puis avant même qu'elle ait fini de se garer, Olivier et Chloé nous rejoignent. Et vous savez quoi ? C'était bien eux que nous avions croisé plus tôt.


Léger briefing, nous engageons directement vers le premier col, Le Clergeon, situé à seulement treize kilomètres de notre position de départ. Mise au rythme de la journée immédiat. La route est fine et serpente entre les maisons et fermes de village, puis au loin, un panneau qui me fait repenser au petit diable dont j'évoquais l'existence plus tôt. Devant, ce qui y est indiqué me met une légère pression. On peut y ilre : "Route exceptionnellement fermée, de 8h à 18h pour course de côte". de 8h à 18h ! Mais il est 8h32. Peut-être pourrions-nous ?... Le bruit de moteurs de course nous parvient par vagues, comme si quelqu'un se servant du vent comme porte voix, nous disait : "Non... Tu ne... pass'ras... Pas !!!". Gandalf ? tu es ici ?

Ni une ni deux, je retravaille en quatrième vitesse le début du parcours, sachant que deux routes incroyables vont manquer à l'appel et me disant que pour mes invités, débuter par un abandon dans notre chasse, n'est pas pour assurer leur mise en confiance. Je suis assez satisfait, cinq minutes de perdues, nous rebroussons chemin.


La matinée s'écoule au rythme des virages sur des routes où nous ne croisons personne, hormis des vagues de cyclistes et des randonneurs. Nous y prêtons une attention particulière, et quant à moi, je me concentre tout autant sur Amandine, Raphaël et surtout Chloé, ayant décroché son permis A2 un mois plus tôt. Bien qu'elle ait fait déjà un grand nombre de kilomètres, il ne faut pas la pousser dans ses retranchements en roulant trop vite, car sa limite de sécurité serait trop vite dépassée.

Le col de Chambotte, du Chat, Relais du Chat où nous prenons une pause café. Cela nous permet de faire plus ample connaissance et force est de constater que oui, des pilotes appréciant les mêmes parcours que moi existent bel et bien. Olivier kiffe, et bien que ce soit un gros rouleur, il est émerveillé de découvrir des voies vierges de ses roues, qui en plus transforment son expérience en découverte à deux pas de chez lui. Et ce n'est rien en comparaison de notre pause au col du Mont Tournier. Pas le plus haut, ni le plus incroyable une fois sous le panneau le symbolisant, mais à l'instar du Plan Bois découvert lors de la partie 1 du Pass Hunter, une route qui moi m'a renvoyé vers le Seigneur des Anneaux directement, sans passer par la case départ. Une merveilleuse chevauchée au milieu de la Terre du Milieu, chez nos amis les Hobbits. Encore tout émerveillé, je me gare et Chloé me rejoint instantanément dans mon délire me parlant du monde des fées qu'elle vient d'arpenter. Autant te dire que ce col là, un must have à recommencer à volonté.


Nous traversons Novalaise, petite ville presque perdue au milieu de nulle part, puis un rapace nous gratifie de son escorte pendant plusieurs centaines de mètres. Là encore, nous nous perdons dans d'incroyables songes, croyant à peine à ce que nous venions à nouveau de vivre. Les caméras de Raphaël tournaient, mais pour le moment pas de certitude quant à la bonne prise d'images pour le prouver. Et après tout, on s'en fout, nous on s'en souviendra c'est le principal. Le col de l'Epine où nous marquons notre pause déjeuner, puis nous prenons plein sud vers la Chartreuse. 


Corbel. Un village perché à flanc de falaise, laissant la part belle aux visiteurs de regarder et d'admirer la vue sur les roches abruptes environnantes. Un régal. Je note immédiatement la bonne adresse pour déjeuner presqu'au dessus du vide. Chez Pompon. Le col du Granier, et enfin nous traversons Chambéry, ancienne capitale des Savoie, pour basculer vers les Bauges. Le Mont Revard nous permet de faire un dernier arrêt avant la fin du trip, avec une vue toujours irrésistible sur le Bourget. Cela nous donne l'occasion de faire une légère introspective sur ce que nous venons de vivre, et par où nous venons de passer, puisque pouvant observer tout le versant ouest du lac emprunté tout du long de la matinée.


C'est là que le diablotin, ayant lâché son or en contre-bas du Pont de l'Abîme, décida de s'en prendre à Chloé. Une manœuvre de demi-tour sur du plat et hop, la moto couchée. Pas de bobo, mais un sélecteur tordu. Olivier se charge de redresser la pièce endommagée, et re-hop, plus de pièce endommagée.

Nous finissons par la référence des pilotes annéciens, le Semnoz. Il est 19h30 lorsque nous arrêtons les motos, et encore une fois, la vue sur le beaufortain au loin est magique, baigné par une lumière de fin du jour fantastique. 20h, nous nous suivons encore jusque Epagny puis nos routes se séparent définitivement, conscients d'avoir vécu ensemble un voyage comme une ode déclarée à notre magnifique région.